Honorine Perino

Trait d'union entre monde scientifique et paysan

 


Le Progrès - Lyon
69CG Oullins - St-Genis, jeudi 4 septembre 2008, p. 13


La biologiste de formation utilise le bagage de son savoir pour expliquer les OGM et autres enjeux scientifiques. Elle le fait à travers ses films ou à l'occasion de stages de formation

Mélody Enguix

Sa vie professionnelle a des airs de cercles vertueux, où les projets en forme de coup de poker amènent de nouvelles opportunités. La jeune femme est aujourd'hui l'auteur de plusieurs films documentaires sur l'agriculture et les OGM, récompensés par des prix. Un travail difficile pour cette novice de la caméra, mais qui lui a ouvert des portes inattendues.

Biologiste de formation, elle était attirée par l'univers végétal. « Mais la recherche est trop pointue, ça perdait tout son sens pour moi », se souvient-elle. Alors pour se rapprocher de la nature, elle a choisi l'univers agricole, où elle met à profit son bagage scientifique. « Je maîtrisais très bien les OGM au niveau biologique », explique-t-elle. Elle commence comme animatrice sur ce thème à la Confédération paysanne. Et elle profite de la période de chômage qui a suivi pour faire un film sur le sujet. Dans « Qui parle de breveter le vivant ? », elle fait parler côte à côte chercheurs et agriculteurs. « Mondes scientifique et paysan ne se connaissent pas, alors même que les chercheurs sont censés travailler pour les paysans, note-t-elle. Je voulais faire comprendre aux paysans la passion des scientifiques pour les OGM et aux scientifiques les problèmes pour les paysans. » Découragée dans sa recherche de producteurs, son chemin croise celui d'Éric Boutarin, ancien cadreur, qui l'initie aux rudiments du montage et filme pour elle. Après un prix encourageant au festival du film scientifique d'Oullins, l'association Solagral lui propose de former des dirigeants économiques au Togo et au Burkina Faso. « À la suite de quoi, les OGM ont été interdits au Togo », se réjouit-elle. Dans la foulée, le Réseau Semences Paysannes lui commande un film sur les semences paysannes, les graines que les agriculteurs produisent eux-mêmes, une technique complexe qui permet de maintenir la biodiversité. Forte de ces nouvelles connaissances, elle a intégré une association où elle forme des agriculteurs à produire leurs semences. Elle vient de consacrer son congé maternité actuel à réaliser « Cultivons la terre ». « On pense souvent que les OGM sont modernes, note la réalisatrice. Alors le film décrit plusieurs alternatives innovantes que la science offre aux OGM. »Le film achevé il y a peu a été sélectionné pour un grand festival parisien de film scientifique. « Avec tous les producteurs de télévision ». Qui lui ouvriront de nouvelles portes?

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