Les coulisses...

Moissons - le film

Nourrir le monde sans faire mourir la terre

Bande-annonce

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Résumé

MOISSONS

Le métier d'agriculteur exploitant, en particulier de producteur de blé, a été bouleversé, dans les années de l'après-guerre, par la mécanisation et la chimie. Il se transforme encore aujourd'hui avec l'introduction des organismes génétiquement modifiés.

Bernard Ronot a reconverti son exploitation familiale à la culture biologique. Il partage ici son expérience, depuis l'observation des épis dans les champs à la préparation des grains à fournir aux boulangers. Une part importante de son travail consiste à évaluer et mesurer la croissance des différentes variétés de blés, d'abord sur un mètre carré de test, puis sur des parcellettes, avant un semis en plein champ. Après la moisson, l'hiver est consacré à une préparation exigeante des grains à vendre dans des circuits courts, sur un marché local.

Sous le regard perplexe du voisin, paysan conventionnel, cette ferme défend avec passion les variétés anciennes et des techniques de culture adaptées. Patrimoine de la nature, capitales pour l'humanité, les semences sont au cœur de l'agriculture de demain.

Note d'intention

MOISSONS

Portrait d'une saison, d'une vie.

La période des moissons est intense, fatiguante, stressante. Tout le travail de l'année se joue. C'est le moment où jamais de s'entraider, même quand les rapports de voisinage sont difficiles... C'est d'autant plus difficile pour la famille Ronot qui a fait un choix extrèmement fort, celui de l'agriculture biologique, sur une ferme céréalière de 80 hectares, dans une région de grandes cultures très peu peuplée et loin de circuits de distribution.

Ce film nous montre une ancienne famille de paysans qui a des valeurs au dessus de tout, et la conviction qu'il faut changer l'agriculture qu'ils ont eux-même participé à mettre en place.

Un choix difficile à assumer : charge de travail et isolement sont les conséquences de ce changement pourtant nécessaire.

La semence en est la clé : de nouvelles semences pour une nouvelle agriculture, des semences reconnectées au passé, à l'humanité, à l'histoire de la terre et de ceux qui la travaillent... Ces semences, Bernard Ronot les multiplie chaque année dans une collection, avec sa femme Renée. Leur fils Alain, qui a repris la ferme, les utilise à grande échelle. Mais ces semences "anciennes", abandonnées au siècle dernier, sont aujourd'hui au coeur d'intérêts multiples, bien au delà de la petite parcelle... Bernard arrivera-t-il à les transmettre comme il le souhaite, sans reproduire les erreurs du passé ?

Sans chercher à accuser ni à mettre sur un pied d'estale, ce film montre le travail, écoute ceux qui ont à dire, regarde et réféchit. Le spectateur découvre un monde hors du temps, et pourtant tellement dans les préocupations quotidiennes d'aujourd'hui : l'alimentation, la biodiversité, l'environnement, l'agriculture biologique... Derrière ces mots dont plus personne n'ignore les enjeux, se cache une réalité : celle des paysans, ceux qui chaque jour de leur vie travaillent la terre, sèment, récoltent et ressèment, loin des industries et des panneaux publicitaires.

Bernard Ronot et moi

J'ai rencontré Bernard Ronot lors des rencontres de paysans-boulangers de 2003, auxquelles je participais pour le tournage du film "Les blés d'or". Cet homme, de plus de plus de 70 ans déjà, m'a impressionné. Assis dans l'herbe en attendant que le pain cuise, il avait engagé la conversation avec quelques jeunes, et le groupe autour de lui s'est mis à grossir. Il parlait du sens de notre travail, de nos devoirs. Un homme dont la parole venait commencer combler l'absence de sens et de symboles de notre époque moderne. J'ai eu envie d'en savoir plus...

J'ai revu Bernard plusieurs fois entre 2004 et 2008. Dans des conférences qu'il donne régulièrement de partout en France, il raconte toujours la même histoire, son histoire, celle de l'agriculture, celle de tous les paysans finalement. Il a besoin de transmettre ses savoirs et ses valeurs.

Son histoire, pourtant classique pour un agriculteur, est analysée par lui-même au travers de son regard changeant sur notre société. Du jeune paysan voulant quitter la ferme qu'il a été au paysan-chercheur qu'il est devenu, Bernard est passé par tous les stades de la modernisation agricole, jusqu'à son plus ultime : la reconversion de la ferme en agriculture biologique. Mais là où Bernard brille le plus, c'est par sa clairvoyance, son intuituion qu'il a eu de remettre en cultures les semences du passé, pour reconnecter l'agriculture de demain avec les milliers de génération de paysans qui l'ont crée avant que les industries ne s'en emparent.

Sur la ferme de son fils Alain, Bernard donne un sérieux coup de main. Il conduit encore la vieille moissonneuse-batteuse, mais surtout s'ocuppe de la collection de blés anciens. Avant de la moissonner, Bernard compte les épis de blés. Dans ses mains, chaque épi devient précieux, et unique. On comprend tout ce qu'il contient de passé et d'avenir.

Les voisins des Ronot sont deux cousins proche de la retraite, qui ont investi dans une grosse moissonneuse-batteuse, avec laquelle, moyennant des "petits sous" ils moissonnent les blés des Ronot. Des blés anciens, haut de paille, magnifiques ! C'est en discutant avec les voisins, alors que notre petite équipe était venue "donner la main" pour les moissons, que j'ai trouvé l'angle d'attaque de mon film : à quelques mètres de distance habitent deux familles, qui se cotoient depuis toujours. Enfants, ils jouaient ensemble, adultes ils travaillaient ensemble. C'est ensemble qu'ils ont modernisé l'agriculture. Jusqu'au jour où Bernard s'est "reconvertit" à l'agriculture biologique.... Maintenant chacun regrette le temps passé, les échanges se limitent au strict minimum, les familles ne se cotoient plus. Ils ne "croient" plus en la même chose, n'ont plus les mêmes valeurs.

Quand j'ai repris contact avec Bernard en mai 2010, il était passé dans une autre dimension. Il n'avait plus le temps d'aider sur la ferme, plus le temps de compter ses blés. Sa collection se semences était au coeurs d'intérêts multiples. Après avoir crée l'association "Graines de Noé" il a cherché des financements, pour embaucher un technicien qui pourrait le remplacer. Conscient qu'il ne durera pas éternellement, Bernard va de réunion en réunion pour transmettre sa collection et son savoir avant qu'il ne soit trop tard. Pressé par le temps à nouveau, il organise des rencontres de paysans sur sa ferme, qui viennent de la France entière pour choisir les variétés qu'ils souhaitent expérimenter chez eux, sous les conseils de Bernard et de son fils qui les pratique depuis 10 ans déjà.

J'ai accompagné Bernard à une réunion au Conseil Régional de Bourgogne, où 14 personnes étaient présentes pour organiser la transmission du conservatoire des blés anciens, et les analyses de ces blés. Il y avait le muséum d'histoire naturelle, des chercheurs de l'Institut National de Recherche Agronomque, Dijon Céréales (la plus grosse coopérative céréalière de la région), et bien sûr des conseillers régionaux. Il fallait aller vite, faire un projet, trouver des sous, vite vite vite. Créer des partenariats techniques et financiers, même avec Dijon céréales accusé pourtant de menotter les paysans. Pourquoi Dijon céréales, qui est en train d'investir dans l'un des plus gros moulins d'Europe, s'intéresse-t-il à la collection de Bernard ? Que va devenir la collection de blés anciens ? Quels seront les blés de demain ? Les paysans arriveront-ils à les conserver à la ferme et à résister à l'emprise des semenciers et des coopératives ?

J'avais l'impression que Bernard aussi voulait aller vite, quelque par un peu émoussé par l'intérêt porté à son travail, mais aussi fatigué et au bout du rouleau. Aller si vite que le sens de ce projet pour Bernard pourrait ne pas être bien compris, et que l'histoire recommence les mêmes erreurs...

Dans toute cette histoire, je sens que mon rôle est important : faire un film pour accompagner Bernard dans sa transmission. Au delà des semences, il y a un message : celui du devoir des hommes de respecter la terre, d'être humble devant l'ingéniosité du monde vivant, d'être ouvert mais conscient face aux progrès techniques. Regarder notre histoire agricole récente comme une parenthèse dans l'Histoire, et reconnecter le présent au passé, au sol, aux semences...

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Les pesonnages de "Moissons"

Bernard Ronot est un vieux paysan retraité, qui a consacré sa vie à moderniser l'agriculture avec passion : sa ferme céréalière de Côte d'Or a traversé toutes les étapes du progrès, avec les premiers tracteurs, puis les engrais et pesticides qui ont révolutionné les pratiques, mais aussi la mise en place des coopératives agricoles qui ont énormémént modifié la place des paysans dans la société et leur capacité de décisions au niveau des productions, des semences, et de la vente. Voir des photos.

A 2 ans de la retraite, Bernard et sa femme Renée ont décidé de se "reconvertir" à l'agriculture biologique. C'est à cette époque également qu'ils ont pris conscience de l'importance du rôle des paysans d'antan dans la création de biodiversité par le fait même de ressemer sa récolte. Ils ont alors mis en place un conservatoire de plus de 150 variétés de blés "de pays" sur leur ferme. Le couple Ronot est membre fondateur de l'association Graines de Noé, qui a pour objectif de conserver et d'étudier ces blés anciens dans un conservatoire et chez les paysans. Voir des photos

C'est Alain, le fils, qui a repris la ferme il y a une dixaine d'années. Il a mis en place un nouveau système de vente des céréales en circuits courts, avec transformation en farine, afin de pouvoir tirer un revenu de l'agriculture biologique. En partenariat avec ses parents, il sélectionne et multiplie ses propres variétés de blés adaptées aux besoins de ses clients, les boulangers.

Les voisins, deux cousins en GAEC (Groupement Agricole d'Exploitation en Commun), amis de la famille depuis plusieurs générations, les observent. Ils sont céréaliers également, mais sont restés dans la droite ligne de l'agriculture "moderne". Proches de la retraite, ils parlent avec regret du temps où les Ronot n'avaient pas viré de bord. Leur regard sur leurs anciens amis témoigne des difficultés à changer le monde agricole...

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Les séquences du film Moissons

Sequence 1 : La nuit tombe sur la collection.

Bernard, le père, et son fils Alain sont dans la collection de blés. Ils observent les variétés avant de les moissonner. Tout un travail d'équipe entre le père qui a le temps d'observer et le fils qui sait ce qu'il faut sélectionner par rapport à sa clientèle de boulangers bio. La nuit les arrête...

Séquence 2 : Le lendemain matin.

Bernard et sa femme Renée sont dans la collection. Ils prélèvent des épis, les comptent, les mettent dans des petits sacs, mesurent les tiges, prennent des notes, très minutieusement avec leurs mains calleuses. On repère les variétés dont Bernard et Alain parlaient la veille : Blé du Jura, Blanc de Haute Saône, Mottin, Blé Allemand...

Séquence 3 : La Moisson

La vielle moissonneuse-batteuse verte n'est pas rapide. Bernard et Alain la conduisent tour à tour, et récoltent la précieuse semence... Les blés sont hauts et s'engouffrent dans la machine. Un grand moment de satisfaction auquel Renée est invitée à participer.

Séquence 4 : Le silo

Les grains sont déposés en tas dans des silos, puis ils il faudra les nettoyer et les trier. C'est le travail d'Alain, un gros boulot. Silos, trieurs, aspirateurs, chariots élévateurs. Un système complexe pour obtenir un grain parfait.

Séquence 5 : Les voisins

Dans leur moissonneuse batteuse jaune dernier cri, les deux cousins du GAEC voisin, moissonnent tour à tour les champs de blé des Ronot. Ils témoignent de ce qu'ils voient (l'agriculture biologique, la qualité des champs...) et comparent à leur situation d'agriculteurs "chimiques". Ils offrent leur regard sur les Ronot, avouant qu'ils ont raison, mais qu'ils ne sont pas prêts à en faire autant !

Des discussions sur le système agricole actuel, ponctuent la conversation.

Séquence 6 : La moisson de la collection

Les moissons sont terminées, les blés sont engrangés, c'est seulement maintenant que Bernard va prendre le temps de récolter la collection. Avec une vieille moissonneuse-batteuse expérimentale récupérée dans un institut de recherche, Bernard assisté de sa femme Renée, récolte un à un les centaines de petits carrés : blé de la Saône, blé du Jura, Epeautre, Engrain, etc.... , autant de variétés du passé qui ici prennent le chemin de l'avenir.